Samedi
10 Mars-14h, hôpital Mignot
"Non,
ce n'est pas possible!
C'est la chlorite qui vous a mis dans cet état-là..."Ce sont les propos de l'interne de garde, jeune femme fort sympathique et plein de de passion pour son métier. Elle me fait mettre en perfusion glucosée.
Avec beaucoup de délicatesse pour ne pas casser le médecin en responsabilité de ce traitement, le médecin responsable du service me dit la même chose.
"Comment votre corps a pu arriver à cet d'épuisement-là"?
C'est la conjonction de 2 traitements qui se sont avérés inadaptés à mon équilibre biologique, lui répondis-je. Le régime cétogène et la chlorite. D'autres personnes, suivant les mêmes règles, ne réagissent pas comme moi et se sortent de cancer de très mauvais pronostic. Le seul reproche que je fais au cancérologue chercheur est que mon cas clinique -hors cancer- ne l'a pas questionné. Et mon médecin traitant ainsi que l'oncologue n'ont "rien vu venir".
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A Yaoundé en juin 2014 dans le bureau Aurore et une sage-femme |
Une bonne nouvelle,
me dira-t-il lundi après-midi, après la lecture des premiers résultats biologiques est que nous n'avez aucune carence ni en vitamines ni en minéraux malgré votre état de dénutrition apparent.
Je craignais de mon coté qu'une "petite bestiole, genre parasite africain" ait montré le bout de son nez au vu de mes déplacements ces dernières années au Cameroun et et en Egypte.
La salle d'accouchement du service d'Aurore à Yaoundé |
Mon épuisement a été si rapide que je dois avoir de la kinésithérapie pour m'aider à marcher: j'ai besoin d'un tuteur! Pour une ancienne kiné, c'est troublant: Je dois me tenir à l'épaule de la kiné ou à la potence , barre de fer verticale sur roulettes où est suspendue le sac de ma perfusion. Je n'arrive le 1er jour qu'à faire un tour du service. Cependant, c'est un plaisir de travailler avec Caroline, toute jeune kiné, qui prend son temps avec moi, avec des exercices au lit pour me "re-muscler": Et oui, mes muscles ont fondu comme neige au soleil. Je comprends aussi que le manque de sommeil du à la douleur quasi-permanente de la colite qui s'étend du ventre à tout le dos a participé à cet épuisement.
Cette douleur est prise très au sérieux et j'ai une couverture "anti-douleur" costaude sur 24h . La morphine au dosage proposé ne me fait rien. Les forces reviendront aussi dans la mesure où je retrouverai un sommeil récupérateur.
La diététicienne prend une heure avec moi et se veut très encourageante.
"Mangez ce que vous voulez, quand vous voulez, comme vous voulez".
J'avais déjà depuis 15 jours pris cette décision sauf qu'un rien enflammait mes intestins. La seule chose qui passe sont les soupes et les boissons. Et mon constat est qu'il me fallait des légumes très récemment cuisinés, sans aucune graisse.
Ici, je peux toute fois manger du pain avec du beurre: ça passe OUF
Je fais l'expérience d'une cuisine "sous-traitée" arrivant sous la forme de plats cuisinés protégés d'un opercule, obéissant à des règles d'hygiène très strictes. Dans mon cas, ça pousse la personne à ne souhaiter qu'à partir de l’hôpital tellement c'est peu appétissant.
Quelle expérience!
La diététicienne, très touchée par mon histoire semble-t-il peu commune a pris de mes nouvelles 10 jours plus tard. Je lui ai parlé des jus de légumes crus pris à partir du vendredi 16 mars, entraînée par une amie: ILS M'ONT SAUVE LA VIE, dit Rémi.
Le médecin de ce service va jouer un rôle important psychologique il casse mes schémas des interdits digestifs:
"ce n'est pas ton ganglion cancéreux de 4 cm sur 3 derrière le pancréas qui gène ta digestion. Ton estomac a toute la liberté de se remplir sans gène. N'attends pas d'avoir mal pour prendre ton médicament anti-douleur, ce que je faisais avant. Anticipe tes douleurs."
Je suis sortie , rassurée sur le plan digestif, mercredi 14 mars à 14h car mon oncologue m'attendait pour mettre en route une chimio.
Il me fallait pourtant retrouver ma confiance dans le corps médical car elle s'était fort effritée.
Cf article: Epuisée - Chemins du coeur, chemin de foi
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